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Agir sur nos modes de voir et de penser pour mieux agir sur la planète.
Jacques De Gerlache  1@  , Jean-Philippe Cornélis  2@  
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  • « Ceci n'est pas une pomme », René Magritte

 Face aux dérives d'un développement insoutenable le plus urgent est sans doute de changer dans nos têtes. Le problème est notre confrontation à une réalité complexe qui n'est pas totalement réductible à nos modes d'analyse traditionnels et donc mal perçu... Mais de quelle réalité parlons-nous ?  Il y a en effet une différence fondamentale entre ce que l'on voit par nos sens et ce que l'on regarde ; c'est-à-dire ce que notre (sub)conscience intègre dans notre « re-présentation « du monde. Face à la matérialité des faits telle qu'elle est (partiellement) captée par nos sens, y compris leurs prothèses technologiques, plusieurs états sont possibles : voir ou  regarder ;. mais aussi savoir regarder ou ... ne pas vouloir (laisser) voir !

Regarder la réalité ... Le peut-on vraiment, le veut-on vraiment ? Que ce soit en matière de ressources ou de climat, d'équilibres écologiques ou sociétaux. Les travaux les plus récents d'épistémologues, comme. Ken Wilber, montrent que la  connaissance doit se décliner sous quatre dimensions qui déterminent la complexité du réel. : 1. Les lois de la nature, que nous essayons de saisir et mettre en œuvre dans les sciences dites «exactes» (!) (objectivité); 2. Les lois du psychisme et de la personne humaine, ou droit à la subjectivité ; 3. Les lois que les humains se donnent ensemble dans l'intersubjectivité ; 4. Les lois dites divines qui nous viendraient des dieux et représentent cette tentative de voir « au-delà de nous ».  Mais les sciences dites exactes ; très réductives, suffisent-elles à faire le tour d'un « réel objectivable » comme le climat ou la biosphère dans toutes leurs dimensions ?

Héraclite déjà avait dentifié trois dynamiques de comportement du réel peu accessibles à une démarche cartésienne essentiellement réductive dissociative : celui des objets ; celui des sujets en eux-mêmes  et celui des sujets entre eux dans leur intersubjectivité et leur rapport à la transcendance ou à leurs dieux constituant un équilibre dynamique. C'est ce, « cyclone épistémologique » interactif permanent qui constitue la richesse des phénomènes complexes comme les phénomènes climatiques ou biologiques. C'est particulièrement préoccupant du fait qu'aujourd'hui nous semblons avoir rompu avec les 4 principes de cette logique d'équilibre ou homéostasie , « bien-être » supportable voire agréable : d'abord celui de la nature ( le jardin) que nous la détruisons ; celui de nous-mêmes (les abeilles) devenus trop narcissiques ; celui des autres (la ruche) au comportement trop « compétitif-accaparatif » (capitaliste ?) ; celui enfin de nos « Dieux », redevenus guerriers et ravageurs. Un impératif en résulte : développer une approche de cette réalité qui nous échappe et capable d' intégrer sans les réduire ces trois dimensions complémentaires : 1. la dimension individuelle: par la capacité de s'autolimiter dans nos besoins et nos désirs ; 2. la dimension collective: en se donnant des lois certes coercitives mais nécessaire à un « vivre ensemble » indispensable ; 3. la dimension technologique (ou « fonctionnelle ») produisant des solutions innovantes favorisant l'adaptation aux contraintes.

Les obstacles qui empêchent encore cette mutation malgré les signaux d'alerte sont les limites actuelles de notre représentation du réel. Plus nous appréhendons le réel qui nous entoure, plus sa complexité se fait évidente. L'approche cartésienne, dissociative et réductive a certes permis le développement de la science et des technologies en  offrant une méthode d'analyse structurelle des éléments composant un système complexe. C'est la méthode enseignée de l'école maternelle à l'université; Mais cette méthode présente des limites intrinsèques qui sont souvent sous-estimées, voire niées ! Appliquée isolément, elle ne suffit plus dès lors que l'on considère cette complexité fonctionnelle et partiellement irréductible de la réalité telle que rencontrée dans les grands systèmes biologiques, écologiques, (climatiques !), sociaux ou économiques .

Dès lors, dépasser les limites de notre paradigme impose de compléter plus systématiquement la méthode d'analyse réductive et dissociative par une méthode intégrative (dite aussi systémique) rigoureuse et développée depuis plusieurs décennies maintenant ! Celle-ci permet de réellement prendre en compte dans l'analyse ces interactions irréductibles et dynamiques s'établissant entre les différents éléments d'un système. Mais cette méthode d'analyse complémentaire reste largement peu intégrée dans beaucoup de démarches, trop rarement enseignée comme telle et donc difficilement prise en compte malgré l'éclairage que cette démarche apporte à la compréhension des déterminants de la réalité qui nous entoure. Quand on réduit le changement climatique à une augmentation de température, cela peut-il en faire comprendre la nature et sensibiliser à ses enjeux ? Objectivement en tout cas, cela en tout cela ne suffit pas à convaincre.

  • Systématiser le recours à la méthode et la vision intégrative

« Jupiter rend fous, aveugles et sourds, ceux qu'il veut perdre. » Virgile « Une idée nouvelle ne triomphe jamais, ce sont ses adversairs qui finissent par mourirs. » Max Planck. Le grand art, c'est de changer pendant la bataille. Malheur au général qui arrive au combat avec un système. » N. Bonaparte « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont engendré. » Albert Einstein.

La méthode « intégrative » repose sur l'appréhension concrète d'un certain nombre de ces variables partiellement irréductibles : système, interaction, rétroaction, régulation, organisation, finalité, globalité, évolution, etc, tout en prenant en compte un variable temps qui ne soit plus immuable mais multiple, de processus qui ne sont pas linéaires et parfois cycliques, pas seulement « mécaniques » mais « dynamiques ». Ce qui permet l'élaboration de modèles fonctionnels qui sont confrontés à la réalité des phénomènes observés plutôt qu'à une hypothèse. Ce qu'il importe de (dé)montrer c'est qu'en se concentrant sur cette fonctionnalité des structures au travers de leur dimension dynamique et globale que la méthode intégrative dépasse les limites de la méthode dissociative. En se concentrant sur les interactions entre les éléments constitutifs et en considère les effets plus que leur nature elle reste efficace lorsque les interactions sont non linéaires et fortes comme dans les phénomènes qui nous occupent. Elle permet de réintroduisant la dimension de finalité thermodynamique (celle du second principe en particulier) dans la description d'un phénomène local observé dans un système global, tel le climat terrestre dans le système solaire, et permet d'en mieux appréhender l'incertitude et l'imprévisibilité, inhérents à la complexité irréductible de leurs interactions. La méthode intégrative ouvre le chemin à des actions programmées par objectifs plus qu'à des actions dans connues dans le détail mais avec des buts mal définis, ce qui est exactement ce qui apparaît comme la priorité face aux enjeux climatiques. Elle ne fait en somme que valoriser la capacité propre de notre hémisphère cérébral droit, que ne possède pratiquement pas le gauche, de gestion de la complexité, d'appréhension globale des choses, d'expression condensée, en bref de mettre de l'ordre dans la complexité du monde tel qu'il se présente à nos sens. Capacité que nous exerçons certes intuitivement mais qui avait besoin, comme la capacité analytique, d'être structurée méthodologiquement. L'hémisphère droit intervient en effet de façon importante dans la formation des concepts, structures totalisantes qui peuvent exprimer dans un langage condensé, un mot le plus souvent, une idée complexe.  Pour que cette réalité « intégrée » perçue par le cerveau droit parvienne à la conscience, il faut qu'elle soit traduite dans le langage analytique et dissociatif de l'hémisphère gauche. Ce dernier, l'interprète, fait le tri dans les informations qui lui parviennent et traduit celles qui sont acceptables dans la représentation globale que l'individu ou (sa communauté)  se fait du monde. C'est tout l'enjeu, mais aussi l'opportunité essentielle que de faire appliquer la méthode intégrative devenue tout aussi rigoureuse et fiable que l'est la méthode dissociative à l'analyse des systèmes et aux enjeux complexes et intrinsèquement irréductibles dont les enjeux de durabilité, y compris climatique, climat est un exemple emblématique.

  • Pourquoi alors cette méthode combinée d'appréhension du réel n'est-elle toujours pas systématiquement enseignée ?!

L'enseignement systématique ce cette méthode intégrative combinée à la méthode dissociative permettrait pourtant au plus grand nombre de prendre connaissance mais aussi conscience de cette vision élargie de d'une réalité dynamique et de mieux en comprendre les enjeux. Et en particulier d'accéder à la compréhension récente du principe sans doute vraiment fondamental déterminant l'apparition des phénomènes et organisations dits « complexes » : leur pouvoir dissipatif.  Toute structure ou organisation dynamique se développe et se maintient, « nourrie » par le flux énergétique dont elle émerge, parce qu'elle contribue à en accélérer la dissipation thermodynamique. Cependant, cet état dissipatif modifie, par essence, son environnement qu'il « épuise » ; une structure dynamique doit donc s'adapter pour se maintenir : c'est l'effet de la « reine rouge » d'Alice au Pays des Merveilles : il faut courir pour rester sur place ; Cela est vrai pour un « simple cyclone » comme pour une espèce vivante ou une société humaine ...! Et c'est en effet ainsi qu'aujourd'hui sont décrites en physique les combinaison de forces donnant naissance aux « états » ou « systèmes » organisés : : l'équilibre de deux forces combinées formant  une organisation produisant une dissipation maximale d'énergie et d'entropie

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Type : : Poster
Commentaire : auteurs : Jean-Philippe Cornelis 1 et Jacques de Gerlache² (1)Anthropologue ; Forum civique UCL Créatopia en Anthropologie jeanphilippecornelis@gmail.com (2)Dr Sc Pharm, toxicologue, et écotoxicologue ; The GreenFacts Initiative jacques degerlache@gmail.com
Thématiques : Thématique 7 - Les autres acteurs de la transition
Mots-Clés : analyse intégrative ; dissipation maximale d'entropie ; paradigme élargi
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