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Le bâtiment comme gisement de matière: Analyse du bilan métabolique (matières) des opérations de rénovation énergétique en Région de Bruxelles-Capitale
Emilie Gobbo  1@  
1 : Architecture et Climat - UCL/LOCI  (CLI)  -  Site web
1 Place du Levant, 1348 Louvain-la-Neuve -  Belgique

L'économie européenne nécessite une importante quantité de ressources pour son fonctionnement, dont près de 30 % sont issus de l'importation (minéraux, bois, métaux, combustibles,...). L'utilisation annuelle en ressources matérielles est estimée à 16 t/hab pour l'Europe des 27. Parallèlement à cette consommation intensive et comme conséquence directe de cette dernière, nous produisons en Europe 6 tonnes de déchets par habitant et par an. Par ailleurs, malgré une gestion qui se veut de plus en plus efficace, ces chiffres ne cessent de croître. Ainsi la consommation croissante de ressources combinée à l'augmentation de la production de déchets ont des conséquences dévastatrices sur nos écosystèmes[1]. Dans ce contexte, le secteur européen de la construction représente environ 40% des matières premières extraites et génère 35% de l'ensemble des déchets solides. Le déchet constitue ainsi un potentiel sous-estimé et sous-exploité de matières.

En outre, la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) se caractérise par une densité de population importante et un territoire fortement urbanisé : 56% de surface bâtie. Le parc immobilier est ancien et énergivore avec une importante représentativité du secteur résidentiel. Concernant lLa problématique du déchet, le secteur de la construction rejoint la tendance européenne et constitue de loin un des plus gros producteurs de déchets de la région avec 628.000 estimées en 2006[2].

Parallèlement, les politiques régionales actuelles mettent l'accent principalement sur la diminution des consommations énergétiques des bâtiments. Cette démarche possède néanmoins ses limites puisqu'elle ne considère que la phase d'exploitation du bâtiment sous un angle énergétique[3]. Or, la rénovation ou la démolition/reconstruction du bâti existant au regard des exigences actuelles (PEB, passif,...) signifient, outre l'amélioration de leur performance énergétique, des conséquences sur la consommation de matières premières et sur la production de déchets. Les objectifs ambitieux de la RBC en matière de rénovation énergétique et ce, dans une démarche durable vont irrémédiablement influencer la nature et les quantités des flux de matière à l'échelle régionale[4].

Dans ce contexte (bruxellois et européen) où les économies de matières (production de déchets et consommation de ressources) ont tout autant d'importance que les défis énergétiques, et, en se basant sur les théories véhiculées par l'Écologie industrielle, le Cradle to Cradle et le 4Dimensionnal Design, la recherche propose de considérer le bâtiment comme un stock ou un gisement de matériaux[5], susceptibles de représenter des ressources matérielles à l'échelle locale. Lors d'une opération de rénovation, ce stock est modifié créant par la même occasion une dynamique de flux entrants (IN : matériaux neufs mis en œuvre) et sortants (OUT : déchets de démolition produits). Au regard de ce constat et du manque de données en ce domaine, l'étude propose une analyse des stocks avant et après rénovation ainsi que des flux IN & OUT occasionnés par l'opération, nous les appellerons également ‘bilan matières'. Cette analyse est proposée pour un objet d'étude défini comme le bâtiment résidentiel mitoyen datant d'avant 1945 et rénové vers des critères basse énergie ou passif suivant les critères émis par l'appel à projet ‘Bâtiments Exemplaires'.

Les questions sous-tendues à cette approche sont les suivantes :

Que mettre en place, dans notre approche de concepteur, pour tendre vers une valorisation maximale des déchets comme ressources (pour le réemploi, le recyclage, l‘up-cycling') aujourd'hui mais aussi dans une vision prospective : quels déchets ou ressources de demain sommes-nous en train de mettre en œuvre ? Quelles sont les opportunités et les freins à la valorisation de ces ‘ressources matérielles' au niveau régional ? La recherche questionne donc nos pratiques architecturales (et choix constructifs) visant prioritairement une performance énergétique de l'enveloppe quant aux impacts qu'ont ces dernières sur les déchets ou ressources potentiellement produit(e)s lors d'interventions actuelles et ultérieures.


[1] C'est pourquoi la stratégie « Europe 2020 » a développé une feuille de route pour « Une Europe efficace dans l'utilisation de ses ressources » définissant des objectifs pour l'U.E. Cette feuille de route vise, entre autres, pour 2020 la valorisation du déchet comme ressource avec un objectif préalable de prévention : réduire la production de déchets à la source. Un des secteurs clé défini concerne celui de la construction.

[2] Etude réalisée par Bruxelles Environnement (IBGE-BIM) téléchargeable sur www.bruxellesenvironnement.be.

[3] Quel impact en termes de consommations de ressources, d'énergie et production de déchets lors des autres phases en amont et en aval de l'occupation des bâtiments (phases de fabrication, construction, démolition, traitement en fin de vie. Dans ce cadre, l'analyse du cycle de vie des matériaux représentent des pratiques de plus en plus courantes et permettent ainsi à l'architecte et au maître d'ouvrage d'effectuer des choix ‘conscients' de matériaux.

[4] Actuellement, les données statistiques propres à cette problématique et rejoignant la connaissance du métabolisme de la région font défaut. La présente recherche ne prétend pas combler cette lacune, la finalité n'étant pas une étude statistique comme les études MFA (Mass Flow Analysis) développées par Eurostat.

[5] À l'échelle régionale, cette considération tend à considérer le parc immobilier comme gisement de ressources matérielles rejoignant le concept d' « Urban Mining ».



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